Le nouveau ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique Emmanuel Macron a effectué, mardi 2 septembre, son premier déplacement depuis sa nomination, dans la Manche où il a visiter l'une des plus importantes Scop de France. Le ministre s'est rendu sur le site d'Acome, une Scop (société coopérative et participative) de 1.350 employés spécialisée dans les câbles high-tech et la fibre optique, avant de rencontrer Patrick Lenancker, président de la confédération générale des Scop. Carole Delga, secrétaire d'État au Commerce, à l'Artisanat, à la Consommation et à l'Économie sociale et solidaire, participait aussi à ce déplacement.
C’est dans la verte campagne que le premier câblier européen produit pour le monde entier. A Mortain aux confins de la Bretagne, de la Normandie et des Pays de la Loire, cette implantation rurale, fut d’abord due aux soubresauts de l’histoire. Au début de la deuxième Guerre mondiale, l’ancienne passementerie tressait les fils des téléphones de campagne de l’armée près de Paris, à Argenteuil. Pour protéger une activité devenue stratégique, l’Etat déménage des lignes de production dans une ancienne filature, en Basse Normandie, qui prend définitivement le relai quand l’usine d’Argenteuil est bombardée en 1943.
Soixante ans plus tard, le maintien de l’essentiel de la production sur ce site géant ne doit plus rien au hasard. C’est la décision volontariste d’une direction ayant choisi le made in France. Avec l’implication particulièrement forte des salariés.
Investir même en temps de crise
Car l’autre originalité d’Acome est son organisation en société coopérative et participative. En 1932, l’entreprise fut la première à se doter de ce statut. Avec près de 400 millions de chiffre d’affaires, elle est aujourd’hui l'une des plus importantes Scop de France et verse la moitié de ses dividendes à ses salariés actionnaires.
Préserver plus de 1.000 emplois en France et résister à une concurrence féroce? Acome a réussi à relever cette gageure en faisant le pari de l’innovation et la qualité. "En trente ans, nous avons investi dans la fibre optique, sans jamais jeter l’éponge, même en temps de crise", explique son président, Jacques de Heere. Fort d’une R&D qui emploie 10% de ses effectifs, le câblier continue à relever des défis technologiques complexes.
Par exemple, dans les faisceaux automobiles, il s’attache à produire des câbles toujours plus légers, pour réduire la consommation d’essence des véhicules. Depuis deux ans, la croissance accélère: elle dépasse 5% pour l’ensemble du groupe et chauffe à 40% dans l’activité fibre optique, dopée par l’essor du haut débit.
Le choix de produire en France s’est révélé payant: les grands donneurs d’ordre – Orange, Renault - apprécient la qualité de service d’une entreprise proche. Acome persiste et signe: en 2014, il investit 14 millions sur son site normand.