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Ce que contient le documentaire sur le Crédit mutuel censuré par Vincent Bolloré

L’enquête du magazine « Spécial investigation » met au jour un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisé par des dirigeants de la banque.

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Publié le 28 septembre 2015 à 01h23, modifié le 28 septembre 2015 à 08h30

Temps de Lecture 3 min.

Une agence du Crédit Mutuel à Lyon en 2008.

Si Canal+Peut-être qu’un jour Vincent Bolloré, le patron de Canal+, expliquera les raisons qui l’ont poussé à censurer l’enquête du magazine « Spécial Investigation » démontrant un système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent organisés par des dirigeants du Crédit Mutuel. Pour le moment, le seul soupçon qui plane pour expliquer cette censure est que cette banque, partenaire financier du groupe Bolloré, a aidé le nouveau patron de Canal+ à prendre le contrôle de Vivendi, la maison mère de la chaîne cryptée.

Après avoir visionné le documentaire avant sa diffusion le 7 octobre à 23 h 20 sur France 3 dans le cadre du magazine « Pièces à conviction », il apparaît que cette enquête très fouillée et documentée n’aurait sans doute pas déclenché un scandale si elle avait été diffusée, comme prévu, sur Canal+.

Néanmoins, le travail réalisé par Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci, les deux auteurs de l’enquête, est conséquent. Ils expliquent par le détail comment la banque Pasche, filiale du Crédit mutuel, installée à Monaco, organisait l’évasion fiscale de certains de ses clients. L’affaire est mise au jour par trois salariés de la banque qui, à travers le réseau informatique interne auquel ils ont accès, découvrent de sérieux dysfonctionnements sur certains comptes. De nombreux dépôts en liquide sont effectués à intervalles réguliers par des personnes qui n’ont rien à voir avec ces comptes. Parmi eux, un vendeur italien sur les marchés de la côte ligure qui dépose de grosses sommes d’argent n’ayant aucun rapport avec son train de vie. Ils alertent la hiérarchie de la banque dont le siège est à Genève, puis celle de la banque monégasque. Pour seule réponse, ils sont licenciés en juin 2014 sous des motifs divers et infondés. Ils décident alors de se transformer en lanceurs d’alerte.

Entretiens sauvages

Au cours de nombreux entretiens, ils racontent ce qu’ils ont découvert et comment s’organise le système. Grâce à de nombreux documents, les deux journalistes remontent les pistes. Au cours d’une séquence étonnante, ils nous montrent comment on peut facilement contacter un chargé de clientèle à Genève pour transférer de l’argent dans un paradis fiscal en se faisant passer pour un client ayant pour pseudonyme Albert Camus… Ils demandent aussi des entretiens avec les dirigeants du Crédit mutuel. Sans réponse, ils vont à leur rencontre sans les prévenir et leur posent des questions. La plupart du temps, ces entretiens « sauvages » tournent court, ou mal.

C’est sans doute l’un d’entre eux qui a déclenché la décision de Vincent Bolloré. Apostrophé fin avril dans la rue à la sortie du siège du Crédit mutuel à Paris, Alain Fradin, directeur général de la banque, a du mal à répondre aux questions que lui pose le journaliste Nicolas Vescovacci. Le dirigeant de la banque dénonce ces méthodes – plutôt brutales – d’interview.

C’est quelques jours après cet incident, que les auteurs et la production apprennent que leur enquête prévue en diffusion le 18 mai, sera sans doute déprogrammée de Canal+. La rumeur est confirmée vers la mi-mai. L’enquête est censurée sans explications. Alain Fradin a-t-il contacté Vincent Bolloré pour lui faire part de sa colère sur les méthodes employées par les journalistes et sur cette enquête gênante ? Vincent Bolloré a t-il pris le temps de visionner le documentaire ou a-t-il devancé la demande des dirigeants du Crédit mutuel ? Les questions restent – pour l’instant – sans réponses.

Remontée et légèrement rallongée, l’enquête qui a été rachetée par France 3, n’est toutefois pas encore à l’abri d’une non-diffusion. En effet, Canal+ qui a commandé ce documentaire à la société KM dirigée, à l’époque, par Renaud Le Van Kim (ex-producteur et réalisateur du « Grand Journal » viré en juillet par Vincent Bolloré), en possède toujours les droits. Si elle le souhaite, la chaîne peut exiger sa livraison à la société de production et demander un référé à la justice avant sa diffusion sur France 3.

Mais, pour le moment, la chaîne affirme n’avoir reçu aucune demande de Canal+. Le jour de sa diffusion, Médiapart, partenaire de cette enquête, devrait apporter d’autres documents sur cette affaire.

@psenny

psenny@lemonde.fr

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